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du 21 au 26 juin 2014 (semaine 26)
 

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26 juin 2014 - France
S'ADAPTER AUX MODALITÉS PASTORALES À VENIR

Comment maintenir la présence de l'’Eglise sur le territoire ? Comment une communauté peut-elle vivre disséminée sur des étages et non plus sur un territoire où le clocher appelle à se rassembler ?

Perdue, enfouie au milieu des gratte-ciel d'une ville où les repères sont des enseignes publicitaires et où des millions de citadins ont peine à savoir où se trouvent l'église de leur Eucharistie hebdomadaire.

Faudra-t-il en arriver à ce que l'annuaire des catholiques du continent chinois met à leur disposition , le plan d'accès à partir de la gare routière ou ferroviaire, de l'embarcadère fluvial ou aérien, grâce à un livret documentaire du cheminement fléché pour retrouver leurs rares églises dans la mégapole.

A cela s'ajoute le fait que dans dix ans même si tous les séminaristes actuellement en formation sont effectivement ordonnés, le nombre de pasteurs actifs dans les diocèses français va chuter significativement. À Besançon, le nombre de prêtres passera ainsi de 81 à 42, de 29 à 18 à Carcassonne et de 143 à 75 à Nantes…

Certes, les diocèses pourront toujours compter sur des religieux apostoliques, même si l'on chante leur vitalité. Face à la baisse annoncée, inéluctable, l’Église de France ne pourra faire l’économie d’une adaptation radicale de ses structures et de sa manière d’envisager la mission. ou pour parler plus nettement les communautés chrétiennes ne pourront faire l'économie d'une même adaptation pour rester des communautés ouvertes.

Des diocèses ont mis en place différentes stratégies pour, sinon juguler la baisse, du moins s’y adapter. La première d’entre elles aura été de faire appel à des prêtres étrangers, pour beaucoup des étudiants venus en France parfaire leurs études de théologie mais qui, une fois celles-ci terminées, prennent parfois en charge des paroisses francophones désertifiant ainsi le dynamisme des leurs. " Merci , disait une petite vieille de la banlieue parisienne, merci, grâce à vous j'ai ma messe quotidienne." Et la religieuse malgache, de passage, lui rétorqua. Oui, merci peut-être, mais dans ma région de Madagascar, nous ne pouvons assurer qu'un messe tous les deux mois ..." Est-ce cela traduire "la nouvelle évangélisation ?"

L’appel aux prêtres « venus d’ailleurs » ne peut toutefois être qu’une solution provisoire. Un jour ou l’autre, ceux-ci retourneront vers leurs pays d’origine où leurs Églises ont besoin d’eux. Si on considère d’ailleurs le nombre de catholiques par prêtre, la France reste encore bien lotie par rapport aux jeunes Églises : 2 527 catholiques par prêtre, contre 4 959 en Afrique et 7 883 en Amérique du Sud !

Certains diocèses se sont fait une spécialité d’appeler des prêtres étrangers au bénéfice de leur vitalité. Ainsi celui de Fréjus-Toulon. Toujours selon l'enquête de "La Croix" de 2004, il devrait compter aujourd’hui 144 prêtres actifs : ils sont aujourd’hui 190 en activité dans le diocèse, mais on compte parmi eux une soixantaine d’étrangers, dont beaucoup issus de communautés nouvelles.

L’automne dernier, à Lourdes, les évêques de France ont abordé à mots feutrés ce sujet délicat que, deux ans plus tôt, Mgr Jean-Louis Bruguès, alors secrétaire de la Congrégation pour l’éducation catholique, appelait les « chasses de séminaire en séminaire ».

Mais un modèle d’Église, centré uniquement sur le prêtre est-il le seul possible et le seul viable à terme ? Car, s’il faudra toujours des prêtres, sans doute faudra-t-il aussi, face à la pénurie, que l’Église de France invente une nouvelle façon de « faire Église », selon l’expression consacrée du jargon ecclésiastique.

Car l’Église, ce sont aussi des laïcs. En 2012, "La Croix" avait ainsi recensé 9 446 laïcs en mission ecclésiale, c’est-à-dire ayant reçu une lettre de mission de leur évêque, soit déjà plus que le nombre de prêtres actifs.

D’une certaine façon, ces diocèses dessinent la situation qui sera celle de l’Église de France en 2024 : après cette date, les départs à la retraite seront réguliers et ne concerneront plus plusieurs dizaines de prêtres à la fois. Le modèle d’Église qui se dessinera dans les années à venir s’annonce donc durable.

Début avril, face à un évêque d’Amazonie qui évoquait devant lui la pénurie de prêtres dans son diocèse, le pape François appelait les évêques du monde à « être courageux » et à « mettre en œuvre des solutions concrètes », n’excluant pas l’ordination de viri probati, c’est-à-dire d’hommes mariés éprouvés.

Sans aller jusque-là, l’Église de France fourmille déjà d’idées pour continuer son travail d’évangélisation dans une France plus urbaine, plus vieille, plus diverse, éclatée et multiculturelle et au tissu social plus fragile.

Mais une Église dotée de la force de l'Esprit- Saint. (source : Croix)

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